L’ARSTM a reçu une visite d’étude sur les défis du transport maritime face à ZLECAF
La Fondation Friedrich Naumann a organisé le 19 juin à l’ ARSTM (Académie régionale des sciences et techniques de la mer) d’Abidjan, une visite d’étude et d’échanges autour du thème : « ZLECAF : transport maritime, enjeux économiques et liberté de circulation ». Cette activité dédiée aux alumni (bénéficiaires des programmes) et partenaires de cette fondation libérale allemande, a eu pour point d’orgue, un panel relatif à la compréhension des enjeux économiques et de la liberté de circulation liés à la mise en œuvre de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF).
Le chef de bureau de la Fondation, Magloire N’Dehi, a planté le décor d’une réflexion sur la mobilisation des complémentarités intra-africaines et l’amélioration de l’insertion du continent dans l’économie mondiale. Il a étendu cet exercice à la Côte d’Ivoire. A savoir comment le pays pourrait tirer profit de la création de la ZLECAF, entrée en vigueur depuis janvier 2021?
« …Il y a des préalables et enjeux à prendre en compte »
Ainsi, le premier intervenant, l’économiste et expert de la question de la ZLECAF, Dr Fofana Moustapha, a indiqué que pour parvenir à l’érection de cette zone plusieurs apsects sont à travailler. Il faut d’abord harmoniser les procédures douanières face à la multitude d’unions économiques africaines. L’inconvénient c’est que les Etats se retrouvent membres de plusieurs unions économiques. Il faudrait également plus de solidarité pour que les pays faibles soient aidés par les plus forts aux fins de créer un mécanisme de péréquation.
Ensuite, il faut un minimum de protection en faveur des industries naissantes. Cela est valable pour la création d’infrastructures routières qui faciliteraient les échanges inter-pays. « En Afrique, on a 318 Km de routes bitumées pour 1000 habitant., Par contre en France il y a 1500 Km pour 1000 habitants. La moyenne pour les pays en voie de développement est de 1000 Km de routes bitumées pour 1000 habitants. En plus de routes bitumées, les pays africains doivent faire beaucoup d’efforts dans plusieurs autres domaines pour que la ZLECAF puisse être rentable pour le continent », a-t-il expliqué. Selon lui, la ZLECAF représente 1,2 milliards de personnes, 2500 milliards FCFA en termes de Produit intérieur brut (PIB) pour toute l’Afrique. Ce qui fait du continent la 8ème puissance mondiale. « Cela implique donc que si les pays africains arrivent à s’unir à travers une seule union économique et monétaire, les 1,2 milliards de clients potentiels pourront permettre d’attirer des investisseurs locaux ou étrangers. La ZLECAF est, en définitive, une opportunité de stimuler la croissance et réduire la pauvreté. Il y a des préalables et enjeux à prendre en compte », a-t-il souligné.
Le cabotage à dynamiser
Le Capitaine des affaires maritimes et portuaires, Gaguié Max, par ailleurs enseignant à l’Académie régionale des sciences et techniques de la mer, est intervenu sur l’aspect logistique et capacité de transport de marchandises et de biens. Pour lui, l’Afrique est capable d’organiser l’acheminement des marchandises d’un Etat à un autre. Que cela soit pour les Etats côtiers comme ceux de l’Hinterland (Etats sans côte). Cependant, « il y a encore des efforts à faire en termes d’infrastructures routières, ferroviaires et de développement de compagnies maritimes qui font de la courte distance (cabotage) pour que la réalité de la ZLECAf soit beaucoup plus palpable », a-t-il relevé.
De l’intérêt de cet instrument communautaire
Ayouba Coulibaly de la Fondation Friedrich Naumann, pour sa part, s’est prononcé sur l’intérêt de créer une nouvelle zone échange malgré l’existence de près 200 communautés économiques régionales (CER) africaines. Selon lui, bien que ces CER ne soient pas toutes bien organisées comme la CEDEAO, le besoin d’en créer est réel, pour consolider les acquis de l’intégration économique. Mais, tout devrait se faire dans l’harmonisation des procédés pour ouvrir ce vaste marché de 1,2 milliards d’habitants aux pays qui n’ont pas un marché local dense. « Nous avons la CEDEAO au sein de laquelle il y a l’UEMOA. Et, la ZLECAF pourrait venir comme un instrument supra communautaire qui pourrait chapeauter toutes les autres communautés économiques régionales », a-t-il indiqué.
La ZLECAF, née de la décision de la Conférence des chefs d’État et de gouvernement, adoptée au cours de sa 18ème session ordinaire des 29 et 30 janvier 2012 à Addis-Abeba (Éthiopie). Elle vise à créer un marché unique pour les marchandises et les services facilité par la circulation des personnes. Ce, afin d’approfondir l’intégration économique du continent africain et conformément à la vision panafricaine d’une « Afrique intégrée, prospère et pacifique » telle qu’énoncée dans l’Agenda 2063.