Port autonome d’Abidjan: LeTC2, un terminal zéro paperasse, zéro émission carbone
Mis en service le 02 novembre 2022, le second terminal à conteneurs (Tc2) du port autonome d’Abidjan (PAA) a effectivement démarré ses activités. Lors d’une visite guidée offerte à la presse nationale et internationale, le Nouveau Navire a pu faire immersion au sein de l’infrastructure qui sera inauguré le 02 décembre prochain.
Il est environ 14h 30, vendredi 25 novembre 2022, quand un parterre de journalistes conduits par les agents du PAA pénètre sur le site du Tc2. Sur un des trois postes à quai, des portiques sont actionnés effectuant différentes manœuvres de chargement sur un porte-conteneur . Le tout dans un silence de cathédrale. Quelques camions sont également visibles à l’entrée des guérites automatisés. A l’entrée d’un bâtiment servant de bureau, Koen De Baccker, Directeur général de Côte d’Ivoire Terminal (Concessionnaire du terminal) en compagnie du Directeur de l’Ingénierie et de la Maîtrise d’Ouvrages (DIMO) du PAA, N’Doli Kouadio et de certains ses collaborateurs souhaitent la bienvenue aux hommes des médias avant de dérouler l’essentiel du plan de la visite. Au menu, échanges avec des responsables de Côte d’Ivoire Terminal.
CIT et visite de différents aires du site.C’est N’Doli Kouadio qui entame les présentations. En charge du suivi des différents travaux effectués et en cours au PAA, le DIMO a indiqué que ce projet fait partie de la troisième composante d’investissements qui a vu bien avant l’élargissement et l’approfondissement du Canal de Vridi ainsi que la construction d’un nouveau terminal ro-ro. Le Tc2 qui s’étend sur 37,5 hectares a été réalisé à hauteur de 596 milliards de Fcfa dont 334 pour les infrastructures de terrassement à la charge du PAA et 262 pour les superstructures à charge du concessionnaire Bolloré Ports et APM Terminals.
Avant sa mise en service, CIT aura réussi à générer 18 000 candidatures pour comptabiliser à fin 2022, 304 emplois. On a une moyenne d’âge de 32 ans pour 82% fonctions opérationnelles a révélé Bintou Konaré, en charge de la gestion ressources humaines. « En fin de projet, en 2023, on aura atteint notre objectif de 450 emplois directs et plusieurs milliers d’emplois indirects ». Une main d’œuvre qui a pu bénéficier de nombreuses formations ici en Côte d’Ivoire comme à l’étranger. « On a eu la chance de bénéficier de l’apport de nos différents actionnaires pour permettre à certains de nos collaborateurs d’aller aussi se former à l’étranger et de pouvoir recueillir les «best practise » pour être le plus opérationnel et porter le démarrage et le développement nos activités », rassure la DRH.
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Dématérialiser, automatiser pour plus de célérité et de fluidité
L’avenir des ports aujourd’hui ne pourrait se jouer sans la digitalisation. Un aspect sur lequel CIT a misé. Objectif zéro paperasse : « Nous avons énormément travaillé avec la douane ivoirienne en terme de dématérialisation et de digitalisation des échanges. Aujourd’hui, vous rentrez sans aucun tampon, sans papier physique. Et vous sortez également sans tampon, sans papier physique », a déclaré Erico Coevoet, Directeur d’exploitation de CIT. Et d’ajouter que le terminal dispose de système de prise de rendez-vous pour les visites des camions, d’une gestion automatisée des entrées et sorties d’engins et d’un système de facturation entièrement dématérialisé. Sur les lieux on peut apercevoir des mouvements faits par des portiques qui selon les responsables sont « prévus et planifiés à partir d’une salle de contrôle ». Pour le Directeur d’exploitation, les investissements effectués par l’autorité portuaire permettent de réceptionner à quai des navires de 16 m de tirant d’eau, soient les plus gros navires qui transitent sur le continent en provenance direct des terminaux asiatiques, européens ou américains. « Ce qui fait que le temps de transit des marchandises est vraiment réduit. Ça évite d’avoir à débarquer les conteneurs dans deux ou trois conteneurs à Abidjan », souligne Coevoert.
Le Pari de la neutralité carbone
Le Tc2 d’Abidjan est équipé d’une flotte « 100% électrique » de portiques de parcs, de portiques grues, de tracteurs portuaires. Et aussi de stations, domestique et industriel, pour la gestion des déchets liquides et d’un système de drainage. « C’est un pari respectueux de l’environnement. C’est nouveau en Côte d’ivoire. On va au-delà des exigences règlementaires a indiqué Mireille Ouattara, responsable environnementale en face de la station de recharge de batterie que nous avons pu voir. « Nous sommes engagés dans un processus de labélisation green Terminal». Un label mis en place par Bolloré Ports et délivré par le bureau Veritas, « gage de performance énergétique et environnementale ». Pour Mireille Ouattara le choix de l’énergie électrique vise à réduire les nuisances sonores et à éviter les émissions de Co2. L’entreprise vise également la certification Edge mise en place par la Banque mondiale pour ses bâtiments.
D’importantes retombées économiques pour le PAA
Avec ce nouveau terminal, le PAA est désormais en mesure d’accueillir les plus grands porte-conteneurs allant jusqu’à 350 m de longueur et avec un tirant de 16 m. De 1,2 millions, le PAA voit sa capacité de manutention des conteneurs passé à 3,7 millions TEU/an. Son trafic en transbordement devrait tripler passant de 700 000 à 2000 000 à TEU/an. « On va doubler la capacité du PAA en termes de capacités conteneurs. Là où dans le passé on avait des contraintes capacités dans des périodes de congestion. Aujourd’hui on n’aura plus cela. Il y a donc des avantages pour les lignes maritimes. Mais plus important encore, pour les importateurs et les exportateurs de la sous-région et pays de l’hinterland comme le Burkina, le Mali et le Niger », a déclaré Koen De Baccker. N’Doli Kouadio s’est quant à lui montré encore plus confiant « En termes de place, je pense que quand le transbordement va commencer en janvier, nous allons reprendre notre place des années 1986 où nous étions les premiers sur les côtes ».