Réduction de l’empreinte carbone des navires: La propulsion vélique de plus en plus envisagée
On chiffre à un peu plus de 100 000 le nombre de navires qui arpentent les eaux du monde par-delà les détroits et canaux pour 2,2 milliards de tonnes de marchandises par an et 3% d’émissions mondiales de dioxyde de carbone. Les prévisions portent ce taux à 17% d’ici 2050, « si rien n’est fait ».
Ce secteur important des transports a entamé sous impulsion de l’Organisation maritime internationale (OMI), organe de l’ONU, une importante phase de décarbonation. La 72e session du Comité de la protection du milieu marin (MEPC-72 ), organe technique au sein de l’ OMI, tenue en 2018 à Londres a permis d’aboutir à l’adoption d’une stratégie en deux étapes : une stratégie initiale de réduction des émissions de CO2 des navires au printemps 2018 et une stratégie révisée au printemps 2023.
La seconde phase a fait l’objet d’adoption en juillet dernier. Elle comprend » une ambition commune renforcée de parvenir à réduire à zéro les émissions nettes de gaz à effet de serre provenant des transports maritimes internationaux vers 2050, un engagement à garantir l’adoption de combustibles de substitution à émissions de gaz à effet de serre nulles ou quasi nulles d’ici 2030, ainsi que des points de contrôle indicatifs pour 2030 et 2040 « .
Pour matérialiser cette ambition les constructeurs et armateurs se tournent vers les innovations technologiques, les combustibles à faible émission : Gaz naturel liquéfié (GNL), propulsion électrique hybride à l’hydrogène et Propulsion vélique.
Cette dernière a de plus en plus le vent en poupe. Faire usage de la force du vent pour réduire voire annihiler l’empreinte carbone des navires. En mars 2023, les responsables des ports ivoiriens recevaient Guillaume Legrand, PDG de TOWT (Transoceanic Wind Transport) dans le cadre du lancement de ses activités de transport en Afrique, particulièrement le Port Autonome de San Pedro (PASP). « C’est un projet novateur qui nous permet de présenter des taux de décarbonations radicaux », avait confié Guillaume Legrand à le Nouveau Navire.
40-45% de la flotte mondiale ‘‘au vent’’ en 2050
Selon alcimed (site de conseil en innovation), un rapport commandé par le ministère des Transports du Royaume-Uni estimait que des solutions de propulsion vélique pourraient être installées sur 40-45% de la flotte mondiale en 2050. Le 05 octobre dernier le premier cargo à voile, Le Canopée, a été présenté. Un cargo de 121 mètres de long pour 22 mètres de large et 37 mètres de haut capable de charger 1500 tonnes de matériels poussé par le vent grâce à quatre immenses voiles aidées par deux moteurs diesel. Un retour partiel et peut être total à un art que maitrisait les premiers navigateurs, mais avec un additif de taille : la technologie.
« Nous utilisons plus de 50 technologies à bord avec des mats carbone, des systèmes de dérive innovants etc. C’est du concentré de technologie issue du shipping, de la pêche, des bateaux gris issus de la croisière, de la course qui nous permet d’avoir un navire très solide, très fiable en acier capable d’éteindre son moteur plus de 95 % du temps », expliquait le PDG de TOWT.
Un peu loin des 15 à 20 nœuds des porte-conteneurs habituels, les futurs navires à propulsion vélique sont aujourd’hui au cœur des innovations du secteur dans le sens de la décarbonation. L’avenir dira si les vents seront favorables ou non à son plein essor.