SARA 2023: Abidjan, carrefour d’attraction du monde agricole
Officiellement ouvertes par le chef de l’Etat Alassane Ouattara le 29 septembre dernier, les activités de la 6ème édition du Sara (Salon international de l’agriculture et des ressources halieutiques d’Abidjan 2023) se poursuivront jusqu’au 8 octobre prochain. Sont au menu de la rencontre d’Abidjan, des expositions, des panels de haut niveau, signatures de conventions de partenariat.
Pari réussi pour le président Alassane Ouattara
C’est dans le somptueux joyau architectural du Parc des Expositions d’Abidjan, situé dans la commune de Port-Bouët, construit à coût de près de 75 milliards Fcfa, par le groupe PFO Africa de l’architecte ivoirien Pierre Fakhoury, sur une superficie de 16 hectares que se tient la 6ème édition du Sara 2023 (Salon international de l’agriculture et des ressources halieutiques d’Abidjan) dont le thème central retenu est : «L’agriculture africaine face aux défis des chocs internes et externes : quelles innovations structurelles pour améliorer les secteurs agricoles et garantir la souveraineté alimentaire ?». Une rencontre en terres ivoiriennes qui se veut un cadre de concertations entre décideurs, institutions et le monde agricole afin de répondre aux différents défis qui s’imposent à chacun: la lutte contre la déforestation, la transformation du secteur agricole en un vivier économique et le défit d’autosuffisance alimentaire et la conquête du marché agricole mondial.
Intervenant au nom du chef de l’Etat, Alassane Ouattara, à l’occasion de la cérémonie officielle d’ouverture de ce salon dédié exclusivement à l’agriculture, le Premier ministre Jérôme Patrick Achi a rappelé aux partenaires au développement ainsi qu’aux représentants des corps diplomatiques les enjeux hautement stratégiques que représente le secteur agricole pour la Côte d’Ivoire. En effet, représentant près 17% du PIB et plus 60 % des emplois durables en 2022, pour le chef du gouvernement, le secteur occupe une place de choix tissu socio-économique national. Raison pour laquelle, souligne-t-il, dans la stratégie nationale de décollage industriel agricole, le chef de l’Etat a mis le secteur agricole au cœur de la vision 2030 dont l’ambition première est de passer d’une agriculture de subsistance à une agriculture beaucoup mécanisée qui épouse l’ère de la transformation locale des produits agricoles avant leur exportation. Penser ainsi la nouvelle politique agricole ivoirienne de cette façon, pour le chef du gouvernement, cela revient à se donner des moyens nécessaires qui contribueront à la création de plus d’emplois nouveaux et de revenus supplémentaires à la fois pour le pays et le monde agricole. La Côte d’Ivoire qui rêve toujours de devenir un champion dans tous les secteurs agricoles n’entend pas s’arrêter en si bon chemin. En effet, avec ses nombreuses terres disponibles et bénéficiant de plusieurs cours d’eau et d’une pluviométrie favorable pour son agriculture sur toute l’année, celle-ci entend devenir incontournable sur l’échiquier mondial grâce à ses produits agricoles.
Pour y parvenir, le chef d’Etat ivoirien, Alassane Ouattara mise, selon son Premier ministre, sur trois axes clés, à savoir l’investissement dans la recherche et l’innovation agricole ; la modernisation accélérée des modes de production agricole pour gagner en productivité et remporter les grandes batailles de la sécurité et la souveraineté alimentaires ; puis la maitrise et le contrôle et l’intégration des filières dans les chaines des valeurs mondiales afin d’en tirer, pour les populations et pour le meilleur profit. Des initiatives qui devront permettre à terme à la Côte d’Ivoire d’atteindre ses ambitions, c’est-à-dire devenir un pays agricole qui compte parmi les acteurs incontournables dans le secteur agricole, comme l’est aujourd’hui, le royaume des Pays-Bas, invité d’honneur de la 6ème édition du Sara. En effet, avec ses 41 543 km2 de superficie et environ 18 millions d’habitants, le royaume des Pays-Bas a pu se construire un modèle économique basé sur l’agriculture. Alliant rêve, conviction, travail et rigueur, il est devenu un modèle de Nation agricole où dominent des exploitations agricoles de type familial, mais qui parvient grâce à une productivité et un usage de la technologie à se classer 2ème exportateur mondial de produits agricoles derrière les Etats-Unis. C’est à cette ambition que tend la Côte d’Ivoire.
Avec son rang de premier producteur mondiale de fèves de cacao, avec une production en nette augmentation de 1,5 million de tonnes de fèves de cacao en 2011 à près de 2,2 millions de tonnes en 2022 soit une hausse de près de 50% ; 2ème producteur africain de palmier à huile et 9e producteur mondial, avec une hausse de la production de régime traité de 1,6 million de tonnes en 2011 à 2,4 millions de tonnes en 2022, soit une progression de plus de 50% ; 1er producteur africain et 4ème producteur mondial de caoutchouc naturel, avec une production passant de 239 mille tonnes en 2011 à 955 mille tonnes en 2022, soit une hausse de près de 300%, pour le chef du gouvernement ivoirien, le pays est sur la bonne voix. Mais leu défi majeur qui demeure, c’est la transformation locale de tous les produits. Les 10 jours d’assises du Sara seront mis à profit, à travers des forums, conférences débats et panels pour rechercher et proposer des solutions durables.
Vivre Sara 2023 comme si l’on y est
Tout se passe à Port-Bouët, sur la voix menant de l’espace Akwaba à l’Aéroport international Félix Houphouët-Boigny d’Abidjan. C’est sur ce tronçon qu’a été construit le Parc des Expositions d’Abidjan doté d’un bâtiment central d’une capacité d’accueil pour 5 000 places assises et 6 000 debout. C’est en lieu qu’affluent tous les jours les visiteurs, depuis le 29 septembre, date de l’ouverture officielle du salon par le chef de l’Etat. Bien que l’accès ne soit pas ouvert tout le monde (1000 Fcfa par personnes âgée, à l’exception des élèves, des hommes de média et les tout-petits), l’espace est tout le temps bondé de monde qui ne boude pas son plaisir à visiter des stands dressés pour l’occasion. On y trouve donc des personnes âgées, élèves, étudiants, enfants… tous s’y rendent par dizaine pour découvrir le savoir-faire du monde agricole. Dans des stands d’exposition, on y trouve presque tout: des produits de frais, des confitures, des produits de contre-saison, des animaux vivants ou sur pied, d’ici et d’ailleurs. Ces expositions sont des occasions pour beaucoup d’enfants qui n’ont pas connu la vie en campagne ou pu s’aventurer dans des pâturages classiques, de venir se ressourcer au Parc des Expositions qui, de par son emplacement géographique, se positionne désormais comme un des meilleurs endroits le plus adapté aux grands événements qui demandent beaucoup d’espace plus vaste. Le Sara, c’est aussi la gastronomie, la promotion des mets ivoiriennes, point de rencontre autour d’une petite bière.
L’ingéniosité d’un savoir-faire des agriculteurs au Sara 2023
A la différence des éditions précédentes du Salon international de l’agriculture et des ressources halieutiques d’Abidjan, celle de 2023 présente beaucoup d’innovations qui sont en quelques des solutions innovantes pour le monde agricole. Chacun y est venu à avec son modèle économique. Mais ce qui frappe le plus les visiteurs dans les stands, c’est de se rendre compte que les agriculteurs changent de plus en plus les donnes. En plus de se tourner vers la mécanisation, ils ont compris que le tout, n’est pas seulement de produire, mais allier production et transformation. De sorte qu’un produit quelconque donné comme la mangue ou l’ananas, doit être consommé sur toute l’année, sans interruption. Ce modèle de durabilité économique calqué sur la politique agricole des pays du Maghreb (Maroc, Tunisie…) évite le gaspillage de sorte que les produits de saison ne se retrouvent plus dans les poubelles, comme cela est donné des constater dans les pays africains dont la Côte d’Ivoire. Avec ce modèle économique agricole, les Etats africains gagneraient à tirer de toutes les récoles. Fini donc la période de gaspillage des produits agricoles, assurent plusieurs exposants nationaux ou étrangers qui n’entendent que des accompagnements pour étendre leurs activités. Grâce au Sara, des visiteurs ont été surpris de savoir que même la banane Plantin peut être conservée sur toute l’année. Il en est de même pour les producteurs de la noix de cajou dont les craintes pourraient être d’un vieux souvenir, si les pouvoirs publics respectent leur engagement. En effet, avec l’anacarde, on obtient tout, rien n’est rejeté. D’abord, avec la pomme, on peut en faire des du jus. Ce même jus peut être fermé pour en obtenir de la liqueur sans rajouter d’autres produits. Une fois encore la pomme pressée, peut être conservé et être utilisée comme de la viande dans la cuisson ou servir de nourriture au bétail. Quant à la noix, outre la commercialisation en tant que produit de rentre, elle peut servir à la production d’huile, de beurre de karité, du savon, servir de patte (d’arachide) dans la cuisson. C’est pareil pour la fève du cacao qui rentre dans la fabrication de beaucoup de produits, comme le savon, pommades… Voici au tant de choses qui sont à découvrir au Sara 2023 dont la clôture est prévue pour le samedi 8 octobre. Nous y reviendrons.