Souvenons-nous !
La logique coloniale voulait que le port d’Abidjan fût le port naturel des pays enclavés du Sahel. Rôle qu’il a joué à merveille durant ces cinquante dernières années. Ainsi en 2001,63 % des marchandises du Mali et 35 % de celles du Burkina transitent par le Port autonome d’Abidjan. Avec 495 790 tonnes, ce trafic représente 65,91 % des importations maritimes burkinabé. Les ports de Lomé, Cotonou et Tema ne représentent alors, respectivement, que 23,01 %, 0,38 % et 10,7 % des importations maritimes du Burkina. L’évolution de ce trafic de transit sur ces trois dernières années permet de constater l’ampleur de la désaffection du corridor ivoirien à la suite de la crise. Mais en fait, le trafic de transit ne représentait que 10 % du trafic total du port d’Abidjan, en 2001. La chute de ce trafic, voire son arrêt total ne pèse pas vraiment sur le volume général du trafic général du port. Seul effet notable, une fonction diminuée en tant que porte océane des pays enclavés. Dans le détail, les produits du commerce extérieur burkinabé n’ont pu franchir la frontière Nord de la Côte d’Ivoire, fermée par le Burkina lui-même dès le début de la crise. Le port d’Abidjan a, en revanche, tenté de réorienter ce trafic des pays enclavés du Nord par son corridor Est d’Aboisso qui utilise le territoire ghanéen. Les Maliens, à leur tour, ont pu négocier le passage de leurs produits à travers le territoire ivoirien en convois protégés empruntant l’axe Abidjan – Yamoussoukro – Man-Odienné – Sikasso – Bamako; c’est ce qui explique très certainement en partie les 176 629 tonnes de transit du Mali par Abidjan. Les Nigériens, dont le trafic par Abidjan était depuis longtemps presque nul, n’ont pas voulu souffrir le calvaire du contournement par le Ghana. Cependant, le port d’Abidjan continue d’être fréquenté dans cette situation de ni guerre ni paix. Le nombre de navires entrés et sortis a baissé légèrement avec une variation de – 6,4 %, passant de 7 197 en 2002 à 6 736 en 2003. Le trafic maritime total du port s’est élevé à 14 461 239 tonnes contre 14 728 105 tonnes, soit une variation en baisse de – 1,8 %. Voulons-nous revivre cet état de faite avec la situation actuelle ? Méditons tous !